Carrefour, Auchan, Leclerc… tous les grands distributeurs sont en train d’installer des rayons en vrac dans leurs grandes surfaces. Au départ, chez Auchan par exemple, on était sur des produits “premiers prix” et le vrac était réservé au “hard discount”. Mais après 10 ans de tests, ils commencent à ouvrir le vrac à d’autres produit plus “haut de gamme” telles les épices. Alors, bonne nouvelle ou green washing ?
L’hypermarché : un modèle en perte de souffle
Créé dans les années 1960, le modèle de la grande distribution fut une véritable petite révolution. D’un coup, il y avait des lieux où l’on trouvait de tout et à des prix abordables. Nous sommes alors au coeur des 30 glorieuses qui vont voir s’installer la société de consommation. Cette société de consommation, elle se base sur “les classes moyennes”, celles qui n’avaient pas accès aux produits de consommation auparavant et qui vont pouvoir, grâce à la grande distribution notamment, se faciliter la vie.
En même temps, le plastique s’impose comme une matière géniale, capable de composer tout un tas d’objets (walkman, télécommandes, béquilles, voitures, vaisselle, électroménager..) à des coûts dérisoires.
Bref, c’est l’engouement général, et franchement, on peut comprendre…
Mais depuis quelques années, l’engouement a laissé place à la méfiance. Scandales alimentaires, agriculture intensive, produits chimiques (notre article sur les perturbateurs endocriniens ici), reculs sociaux… La société de consommation est allée trop loin et nous nous en rendons compte tous les jours. Les hypermarchés perdent du chiffre d’affaires, des clients et… changent de stratégie.
Après le bio, place au vrac dans la grande distribution ?
Pour pallier ce désamour des français pour la grande distribution, les multinationales font évoluer leurs stratégies. Alors non, elles n’ont pas décidé d’être plus regardantes quant à la provenance et la composition des produits, ni d’être plus “collaboratives” avec leurs producteurs. Elles ont décidé de s’adapter aux “nouveaux consommateurs”… et si vous me lisez… vous avez de grandes chances d’en faire partie :).
Les nouveaux consommateurs ce sont les végans, les végétariens, les végétaliens, les zéro-déchet, les bio-addict, les sans-gluten etc. Alors certes, la consommation de l’alimentation bio ne représente que 3% de la consommation globale mais comme c’est 2 fois plus que l’année dernière, ça interroge forcément.
Du coup, nous avons pu observer plusieurs changements : agrandissement des rayons bio, création de “marques distributeurs bio”, “magasins 100% bio”, rachat de magasins bio (saviez-vous que GreenWeez appartient désormais à Carrefour ?) et… passage au vrac.
Dans certains carrefour city, vous trouverez désormais du bio et du vrac par exemple et il y a plusieurs raisons de s’en réjouir.
Pourquoi le vrac dans la grande distribution est une bonne nouvelle ?
Spontanément, on se dit que c’est plutôt chouette, de populariser l’achat en vrac.
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Parce que ça va sensibiliser pas mal de monde au zéro-déchet :
Forcément, lorsque l’on passe devant un rayon vrac et que l’on n’a jamais vu ça auparavant, ça retient l’attention. Du coup, on peut espérer que parmi tous les clients qui vont passer, un certain nombre va se poser la question du pourquoi du comment et, in fine, se convertir au vrac.
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Parce que le vrac est moins cher :
du coup, les consommateur vont réaliser que écolo peut rimer avec bon marché. Sur certains produits, on peut faire jusqu’à 50% d’économies en supprimant l’emballage.
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Parce que les producteurs eux-mêmes vont être sensibilisés au vrac :
et donc à leurs emballages. Aujourd’hui, nous, chez Mes courses en vrac.com, on peine parfois à trouver les bons fournisseurs parce qu’ils ne savent pas toujours faire du vrac. Toute leur logistique est basée sur de l’emballage, tout est déjà formaté. Donc logiquement, plus il y a aura une demande de vrac, plus il y a aura de producteurs de vrac.
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Parce que ça nous donne beaucoup d’espoir :
Ca veut dire que les choses changent, que le consommateur a du pouvoir et que nous pouvons faire changer les choses.
Bon maintenant, il faut aussi être un peu lucide. La grande distribution ne partage pas les valeurs du zéro-déchet et cela se ressent dans leurs démarches vrac. Alerte au green washing !
Le zéro-déchet : plus qu’une simple mode
Alors je sais, je ne suis pas ultra-objective, mais j’essaye. Le zéro-déchet, ce n’est pas uniquement une mode de bobo, de gens riches qui s’ennuient et se payent le luxe de consommer sainement. Non. Le zéro-déchet, c’est avant tout un engagement, une volonté de préserver notre environnement et nous-même avec.
Vous allez me dire que tant que l’objectif est atteint, peu importe les raisons pour lesquelles on fait du vrac ? Et bien non, au contraire.
Les parties visibles et invisibles du vrac dans la grande distribution :
Lorsque vous allez dans un commerce vrac (physique où en ligne), il y a une part de visible et une part d’invisible. Le visible, ce sont les produits que vous voyez : ils sont sans emballage, ils sont bio (ou pas), ils sont naturels (ou en ont l’air) etc. Ca, c’est à vous de juger.
Puis il y a la partie non visible, celle qui relève de la confiance. D’où vient le vrac ? J’ai vu par exemple un Carrefour city où les silos vrac sont remplis avec les sachets de 500g pris en rayons. Je n’en croyais pas mes yeux ! Mais comment font-ils pour étiqueter le silo vrac ? Et surtout, n’ont-ils pas la sensation de nous prendre pour des imbéciles ? Peu importe, le zéro-déchet… c’est à la mode !
On peut aussi aller plus loin : est-ce qu’ils recyclent ? Est-ce qu’ils réutilisent ? Aujourd’hui, la grande distribution est encore très loin du zéro-gaspillage.
Le vrac dans la grande distribution est donc, aujourd’hui en tout cas, une jolie action marketing pour nous faire croire qu’ils se soucient de l’impact écologique de leurs actions. En réalité, la démarche n’est pas fondée sur des valeurs ni sur une véritable stratégie globale.
D’ailleurs, plutôt que d’aller vers la déconsommation et le minimalisme (dont nous avons pourtant tous bien besoin), les hypermarchés s’orientent vers des surfaces toujours plus grandes pour y créer des “lieux de vie” loin des centres-villes, loin du contact humain, toujours plus près de nos porte-monnaie.
En conclusion, vous l’aurez compris, le vrac dans la grande distribution est pour moi une vaste blague à fuir absolument. La bonne nouvelle ? Il y a de plus en plus d’épiceries vrac autour de nous et.. il y en a même une en ligne ;).
Bonjour!
J’ecris mon mémoire de fin d’etude sur la vente en vrac en grandes et moyenne surfaces.
L’histoire de carrefour city m’a interpellé – Avez-vous des preuves qui puissent soutenir votre histoire? Je serais interessé d’en parler dans mon travail de recherche.
Merci d’avance!
Bonjour, c’est un employé de la chaine qui me l’a confié lors d’une visite 🙂
Bonjour,
Je prépare un documentaire sur la vente en vrac. Votre travail m’intéresse. Pouvons-nous en discuter ?
Vous pouvez m’envoyer un mail par le biais de mon site: https://www.fcrosdefabrique.fr/contact/
Sinon, comment vous contacter?
Merci d’avance
F.Cros
Bonjour à tous, ayant un projet à rendre lors de mes études sur le développement durable sur une organisation, je cherche des informations sur le vrac. Savez vous quel est son coût de mis en place ? Le temps de mis en place ? Existe t-il des sites permettant de savoir cela ?
Je sais aussi que mes questions ne sont pas facile ^^’, je vous remercie d’avance.
Yoann
Et le faites que les distributeurs sois en plastiques , sa choque , personnes ?
Bonjour Rosy,
Effectivement, la plupart des distributeurs sont en plastique. Dans certaines boutiques, ils existent en verre. Par contre, ils sont plus lourds, plus fragiles et quand ils se cassent ça peut être vraiment compliqué… Perso je suis fan du créateur Applymage, une jeune boite français qui fait des distributeur en plastique (et bois) mais dans un plastique de qualité, durable et made in France 🙂
Bonjour,
Article très intéressant et bien développé…
Par contre l’exemple à la volé d’un super marché qui fait de la mer… et s’en servir pour faire une généralité… pas terrible beaucoup trop discriminant.
Et cette conclusion !!
« En conclusion, vous l’aurez compris, le vrac dans la grande distribution est pour moi une vaste blague à fuir absolument. La bonne nouvelle ? Il y a de plus en plus d’épiceries vrac autour de nous et.. il y en a même une en ligne ;). »
Vous faites la par belle au « en ligne » alors que vous reprochez (1 paragraphe plus haut) à la grande distribution de nous éloignez du contact humain… à quel moment le digital nous rapproche ?!
Bref l’important n’est pas qui ou pourquoi l’on distribue du vrac, mais l’importance que c’est entrain de prendre et le cercle vertueux qui en découle.
Bon Vrac à tous
Bonjour,
Merci pour votre retour. Mon article peut-être maladroit et j’ai sûrement des contradictions dans mes opinions mais pour moi la différence réside dans la taille de l’entreprise que l’on a en face de nous. La grande distribution est composée de mastodontes qui ont créé des galaxies autour d’eux. Il devient donc difficile de connaître et surveiller leurs pratiques, que ce soit à l’égard de leurs fournisseurs ou autre. De plus, j’ai un problème avec l’intention. Dans la grande distribution, l’intention n’est pas de promouvoir le vrac mais de capter une part de marché.
Je préfère donc soutenir les petites boites, montées par des gens motivées et engagés, même si « c’est en ligne ». Je ne pense pas que le vrac dans la grande distribution fasse partie d’un « cercle vertueux » mais au contraire qu’il réduit l’impact et la philosophie du vrac en en faisant un outils marketing.
Après, je ne peux que me réjouir que ce sujet soit à l’agenda, que l’on en parle et qu’on en débatte, ça veut quand même bien dire que les lignes bougent 🙂