Perturbateurs endocriniens - Mes courses en vrac
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Perturbateurs endocriniens : kézako ? Comment les éviter ?

Certains d’entre vous le savent peut-être déjà mais j’ai un petit soucis d’hypocondrie. Bon ok, un gros soucis. Je ne sais pas bien d’où ça me vient, mais ce qui est sûr c’est que les journaux et leurs news angoissantes ne m’aident pas. Là où j’habite, à Grenoble, on nous dit qu’on a de grandes chances d’avoir de gros problèmes respiratoires à cause de la pollution ambiante… Alors c’est vrai, c’est pollué, mais je fais quoi ? J’arrête de respirer ? Bref, tout ça pour dire que dès qu’on parle de l’environnement et de ses problèmes, on tombe vite dans de l’angoisse et plus difficilement dans l’action et le remède. Alors voilà, j’avais envie de vous parler des perturbateurs endocriniens sur le blog, parce que c’est au final assez mal connu et compris mais surtout, je ne veux pas faire flipper. Du coup, je me suis fixé ce petit challenge : je vais d’une part expliquer ce que sont les PE et le danger qu’ils représentent, mais je vais également proposer des pistes de solutions, des actions concrètes pour s’en prémunir. Ok ? C’est parti.

 

Tout commence par des hormones, mais les hormones, c’est quoi ?  

Les PE, ce sont des molécules qui imitent les hormones. Alors comme je n’ai pas fait médecine, je vais commencer par le commencement. Une hormone, c’est une molécule qui transmet des messages chimiques dans l’organisme. Par exemple, l’hormone “ghréline” stimule l’appétit, les hormones thyroïdiennes assurent la régulation de la température corporelle et l’hormone HAD agit sur les reins et les vaisseaux sanguins en régulant la quantité d’eau dans l’organisme. Les hormones interviennent également dans les cycles menstruels de la femme (le fameux “non mais c’est pas moi, c’est les hormones”). Bref, les hormones sont hyper importantes pour notre équilibre à tous.

Ces hormones, elles sont sécrétées par des glandes du système endocrinien à la suite d’une stimulation. Elles se diffusent dans l’organisme par le sang. Et une fois qu’elles ont atteint l’organe qu’elles ont pris pour cible, soit elle le stimule, soit elle l’inhibe. Par exemple, je vois un morceau de fromage de chèvre coulant, il y a de grandes chances pour que mes glandes envoient direct une petite hormone-messagère qui va aller stimuler mon estomac et hurler “j’ai faim, j’ai faim, j’ai faim”. A l’inverse, si je vois un reste de pâtes moisies dans le frigo, ma petite messagère va venir dire à mon estomac : “bouge de là, ça sent le roussi”.

Bon, voilà pour les hormones. Alors maintenant, qui sont ces usurpateurs qui viennent stimuler nos organes sans qu’on ne leur ait rien demandé ?

 

Perturbateurs endocriniens : de fausses hormones mais de vrais effets

Les perturbateurs endocriniens sont donc des molécules qui se font passer pour des hormones. Ils sont présens en très faible doses dans le corps (tout comme les hormones, petites, mais puissantes) et ne sont pas “toxiques”. C’est à dire que ce n’est pas comme une bactérie, qui nous rend malade quand on l’ingère. Là, ils agissent discretos et viennent subtilement mettre le bordel dans notre corps.

Alors, si j’ai bien compris, les perturbateurs, comme les hormones, peuvent se liguer pour aller agir sur l’épigénome. l’épi-quoi ? – Amis lecteurs biologiste, n’hésitez pas à me corriger en commentaire  – L’épigénome, pour moi, c’est un peu comme les policiers qui faisaient la circulation à l’époque. En fait y’a le gène (genre celui des yeux bleus, où de la taille) et autour y’a ce policier qui va dire : “mmm toi tu passes” et là Bim, ta fille a les yeux bleus, où qui va dire “toi tu passes pas” et là pouf, tu fais 1m20 alors que dans toute ta famille on a des tailles de basketteurs.

Résultat des courses, alors que l’épigénome est modifié par les hormones de façon naturelle, les perturbateurs/usurpateurs viennent se déguiser en flics et commencent à dire au gène de la reproduction “Sens interdit coco”. Du coup, on observe des escargots marins (par exemple) qui ne peuvent plus se reproduire. Jamais.

Voilà, vous commencez à comprendre en quoi ces illusionnistes sont dangereux. Je ne vais pas m’épancher sur le sujet, mais en gros, on constate une baisse de la fertilité chez l’homme, une hausse des cancers des testicules, des seins… enfin de là où il y a des glandes quoi. Bref, ça pue pour nous !

Bon ok Jamy, mais ils sont où et ils viennent d’où ces perturbateurs ?

 

“Life in Plastic, it’s Fantastic” : l’industrie pétro-chimique à l’origine des perturbateurs endocriniens

barbie en plastique : perturbateur endocrinien

Si le plastique existe depuis l’antiquité, c’est depuis la fin du XIXè siècle que son utilisation se développe avec la mise au point de plastiques synthétiques. Alors en rédigeant cet article, j’ai découvert qu’il n’y avait pas un plastique, mais DES plastiques. En fait, le terme plastique désigne avant tout un mélange fait à base de polymère – une macromolécule, soit, une grosse molécule faite de molécules différentes et liées entre elles – qui, à chaud et sous pression, peut être moulée pour créer un objet.

Alors, ce qui est intéressant, c’est que les polymères existent dans la nature : par exemple, on trouve de la cellulose, polymère naturel, dans le bois.

Mais, pour une raison encore obscure pour moi, on a commencé à créer des polymères artificiels. C’est par exemple le cas de l’industrie pétrochimique qui distille son pétrole pour obtenir ces fameux polymères artificiels.

Fun fact : on observe que plus un pays consomme des polymères, plus il a un Produit National Brut élevé. En d’autres termes, plus un pays produits du plastique, plus il est riche. Ayons tous une pensée émue pour la Chine, devenue le temple du plastique, et sa croissance à 2 chiffres.

PE : les deux infos à retenir

Alors, sur les perturbateurs, j’ai retenu deux informations essentielles : d’une part, il existe plusieurs plastiques et donc, plusieurs types de perturbateurs. Par exemple, le Bisphénol-A est contenu dans certains plastiques alimentaires (biberons, boîtes de conserve etc.) et non alimentaire comme les verres de lunettes. Précision : en France, le BPA (pour les intimes) est interdit dans les biberons. J’ai hésité longuement et finalement, j’ai décidé de ne pas proposer de liste des perturbateurs existants. C’est trop anxiogène, et si on veut vraiment aller plus loin, on peut consulter le super site de l’INSERM sur le sujet ici.

Deuxième grande leçon : ils sont partout. Partout, partout, partout. Télévision, rideau de douche, vêtements (!), fruits et légumes (et oui, les pesticides), emballages alimentaires, télécommandes, voitures, téléphones, stylos, cosmétiques (!)… Il suffit de regarder autour de soi pour se rendre compte que le plastique a envahi nos vies. Dans les cosmétiques par exemple, il est utilisé comme agent de texture. Youpi tralala.

Cosmétiques pertubateurs endocriniens

A ce stade, on a compris d’où ça vient, comment ça marche et on a légèrement abordé les risques pour nous (mais ça, c’est volontaire, je fais pleinement confiance aux médias qui ne manqueront pas de nous annoncer la fin prochaine de l’humanité si nous continuons à vivre ainsi – le tout entre les résultats du rugby et la dernière polémique de touche pas à mon poste).

Mais la grande question, l’unique question, c’est “et qu’est-ce qu’on fait ?”

Lutte contre les perturbateurs endocriniens : l’Etat, l’industrie et moi

C’est là où ça se complique (oui parce que la partie sur les épigénome, c’était vraiment easy…). D’une part, rappelons que de nombreux industriels – et par nombreux industriels je veux dire Total, ExxonMobil mais aussi Coca-Cola, Mattel (Barbie), Renault… tout quoi – ont investi beaucoup d’argent pour mettre au point leurs produits. Donc ils n’ont aucun, mais alors aucun intérêt à ce qu’on aille trop explorer les dangers que peuvent contenir leurs produits.

D’autre part, il faut aussi être un peu objectif et ne pas voir le mal absolument partout. Les perturbateurs endocriniens sont tellement petits que nous avons mis du temps à les identifier. Disons donc qu’il était difficile à l’époque de s’imaginer leur présence, sans aucun moyen de les observer. Aussi, le fait que toute la population présente des signes de présence de perturbateurs dans le corps rend la recherche très difficile : par exemple, il est impossible aujourd’hui d’étudier la différence entre une personne exposée, et une personne non exposée. A moins de faire vivre une partie de l’humanité recluse dans la nature, mais ça paraît compliqué. Du coup, les chercheurs font des tests sur des animaux et se basent sur les grandes données de santé dont nous disposons.

Merci qui ? Le principe de précaution !

Cela étant dit, nous avons la chance de vivre sous le principe de précaution qui, loin d’être un frein à l’innovation comme peuvent l’affirmer certains, est un moyen de nous protéger et d’apprendre de nos erreurs. Principe de précaution oblige donc, les pouvoirs publics commencent à se saisir du sujet et à agir. La première action, la plus simple mais aussi la plus percutante : faire et publier les “listes de produits susceptibles de contenir des substances perturbatrices endocriniennes” pour alerter l’opinion. C’est par exemple ce qu’à fait Nicolas Hulot en mai dernier en publiant la liste des biocides et des phytosanitaires contenants des perturbateurs endocriniens. C’est près de 1600 produits qui ont été identifiés parmis lesquels des herbicides, des insecticides, des produits de protection du bois etc.

Mais la question centrale reste : “qu’est-ce que les perturbateurs endocriniens” ? Bon on en a vu la défition etc. mais il reste encore à les définir précisément, chacun d’eux. C’est justement à l’agenda du Parlement Européen en ce début de mois d’octobre.

 

Interdiction des perturbateurs endocriniens : le Parlement Européen passe à l’action

L’union Européen souhaite retirer de la vente les produits contenant des PE. Déjà, c’est cool ! Mais du coup, vous imaginez bien que tous sont en train de faire du lobby pour expliquer que non, leurs produits ne contiennent pas vraiiiiment des PE. Donc quand il s’agit de voter un texte au niveau européen, pour tous les pays, identifier les PE et donc les futurs produits interdits… c’est la galère. Et pour cause ! La commission européenne a travaillé sur un texte plutôt correct. Puis, elle s’est heurté à la réticence de certains pays comme… l’Allemagne, qui craint pour son industrie chimique – l’Allemagne, pays du laboratoire Bayer, qui vient de racheter…Monsanto : la boucle est bouclée.

J’ai toujours un peu de mal à comprendre comment on peut choisir de protéger son industrie chimique au détriment de ses propres citoyens, mais admettons. Bref du coup, ni une ni deux, la commission se dit : on va ajouter une petite dérogation rapidos, comme ça tout le monde est content.

Minute papillon : une dérogation ? Et là, accrochez-vous bien, c’est une idée de champions ! Alors que l’objectif du règlement est de faire disparaître les PE du marché (dans les pesticides d’abord puis ensuite dans les cosmétiques, les plastiques etc.), cette dérogation aurait permis “d’épargner les pesticides conçus spécialement pour agir sur le système endocrinien de leurs cibles. C’est à dire des pesticides conçus pour, justement, être des PE”, comme l’explique stéphane Horel du Monde.

Avec cette brillante idée, pas étonnant que le Parlement Européen ait rejeté à la majorité absolue ce projet de réglementation des perturbateurs endocriniens. On dit donc merci au euro-députés qui auront (pour une fois?) servi à quelque chose et on espère que la commission se trouve un peu plus de courage !

 

Et en attendant, qu’est ce que je peux faire moi, à mon niveau ?

En attendant que les règlements soient adoptés et au lieu de se faire des petites crises d’angoisse à la sortie d’une étude d’UFC-Que Choisir, il y a déjà des petites choses que l’on peut mettre en place.

On sait que les PE se trouvent dans les plastiques. On peut donc commencer par éviter ces matières. Pas facile me direz-vous ? Oui, on sait. c’est un peu pour ça que sur Mes courses en vrac.com on propose des articles sans plastique où du moins, sans le Bisphénol-A, PE du plastique.

Ensuite, il faut éviter les emballages alimentaires. Donc opter plutôt pour l’achat en vrac, dans des sacs en coton où en kraft. Attention toutefois au kraft : certains sachets sont “renforcés” avec du plastique à l’intérieur. Rassurez-vous, sur le site, nous avons soigneusement sélectionné nos sachets.

Vous pouvez aussi opter pour des produits cosmétiques et ménagers naturels. Avez-vous déjà regardé la composition de votre stick / baume à lèvre par exemple ? Il y a un nombre hallucinant de sal… heu… de substances chimiques. Alors que si vous prenez un peu de cire d’abeille, d’huile de coco, de vitamine E et de beurre de karité, vous avez un baume efficace, simple, bon marché et sans PE ! Ps : préférez un pot en verre pour votre baume, parce que si vous le mettez dans du plastique ça perd un peu son sens !

Enfin, vous pouvez sensibiliser les structures collectives autour de vous. A Limoges par exemple, une crèche vient de faire le pari de supprimer les perturbateurs endocriniens complètement. Plutôt cool non ?

De mon côté, j’ai décidé de partir à la chasse au PE dans mon quotidien. Tout comme quand j’ai commencé le zéro-déchet, je vais me fixer un petit objectif par jour et partir à la découverte de produits alternatifs. Je vous ferai un retour dès que j’aurai un peu avancé !

ommentaires sur “Perturbateurs endocriniens : kézako ? Comment les éviter ?

  1. Camillou dit :

    Cool article!
    Bien expliqué, et utile pour mieux comprendre les debats d’actualité sur le sujet!

    1. Carole Lymer dit :

      Merci Camillou 🙂

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