Aujourd’hui en France, il existe plus de 50 épiceries zéro-déchet, c’est à dire des lieux qui proposent de faire vos courses sans emballage. Le nombre de blogueurs zéro déchet explose et forme une véritable communauté sur le net : c’est le cas du blog “consommons sainement” qui rassemble près de 20000 followers sur facebook par exemple. Nous avons voulu retracer l’histoire du phénomène.
“Incarner le changement que l’on veut voir dans le monde”
Le zéro-déchet est avant-tout un mode de vie. L’objectif est de se désencombrer du superflu, des objets inutiles qui nous prennent du temps et de l’argent. En cela, on peut dire que c’est un mode de vie “minimaliste”. Pour moi, il se rapproche de la “sobriété heureuse” prônée par Pierre Rabhi. Vivre avec moins pour vivre mieux en quelques sortes.
Le zéro-déchet : être plutôt qu’avoir ?
Nous sommes aujourd’hui dans une « société de consommation » qui nous permet de trouver des biens et des produits à faible coût, partout et tout le temps. Souvent décriée, cette société présente de nombreux avantages. Elle permet à beaucoup d’accéder à une qualité de vie jusqu’ici impossible. Mais cette société s’est emballée (littéralement) à tel point que le fait de consommer à pris le pas sur l’objectif de la consommation.
Lorsque nous achetons quelque chose, la logique voudrait que nous en ayons “besoin”. Sauf que cette notion de besoin s’est galvaudée. Nous achetons aujourd’hui beaucoup de choses pour des tas d’autres raisons: l’emballage est beau, c’est accessible, se donner un genre, prendre du plaisir quelques instants, etc. Du coup, on perd un petit peu le “sens” des choses et le lien avec soi-même.
Se lancer dans une aventure
Avant d’être une démarche écologique où engagée, le mode de vie zéro déchet est d’abord une façon de se recentrer sur l’essentiel, d’être en phase avec soi-même et de prendre le temps d’”être”, d’exister.
Le mode de vie zéro-déchet est aussi une aventure humaine. Perçu comme un challenge, le fait de réduire ses déchets est un objectif parfois ludique que l’on se fixe comme pour se tester. Ce n’est donc pas une “doctrine” moralisatrice avec des grands principes mais plutôt un projet personnel ou familial. C’est en fait une démarche positive, optimiste et joyeuse.
Béa Johnson, celle qui inspire le changement
Si de nombreux mouvements zéro-déchet existent depuis longtemps (disons depuis l’avènement de notre société de consommation), c’est réellement en 2013 que le sujet s’impose.
Avec la parution de son ouvrage “Zéro déchet”, Béa Johnson, une américaine d’origine française explique comment elle a réduit ses déchets à moins d’1 litre par an.
Cette mère de deux enfants y raconte comment, lors de son déménagement d’une grande maison à un petit appartement, elle se voit contrainte de n’emporter que le strict nécessaire. C’est une révélation. L’auteure prend conscience de l’intérêt du désencombrement et de la simplification de son quotidien.
Une success-story…
C’est un succès incroyable et depuis, Béa Johnson enchaîne les conférences, les interviews et les déplacements dans le monde entier pour témoigner. En 2016, elle réussit à faire tenir 100% des déchets de sa famille de 4 personnes dans un petit bocal. Son enthousiasme et sa bonne humeur sont communicatifs à tel point que de nombreuses mères de familles se lancent dans l’aventure.
Le zéro-déchet : ils relèvent le défi
Super-héros, aventuriers… Les adeptes du zéro-déchet se perçoivent comme des explorateurs d’un nouveau mode de vie, comme des éclaireurs. Il est étonnant de constater à quel point le langage utilisé sur les blogs ou lors des conférences est positif, encourageant.
Le zéro-déchet en famille.
L’expérience de Béa inspire même toute une famille, appelée simplement “famille zéro-déchet”, qui édite désormais des guides, un super blog et anime même des conférences. Avec beaucoup d’humour et sans se prendre au sérieux, la famille de Bénédicte raconte son quotidien, son aventure familiale ! A découvrir ici.
Quand les villes s’engagent
A Roubaix, près de Lille, la municipalité a lancé un programme “Roubaix-zéro-déchet” pour inciter les acteurs de la ville (habitants, commerçants, écoles, etc.) à s’impliquer dans la démarche. Pour motiver les habitants, ils ont lancé le “défi des familles”, qui en est déjà à sa troisième saison. Chaque année une centaine de familles se lancent collectivement dans l’aventure avec pour objectif de… réduire sa quantité de déchets.
L’aventure entre voisins
Aussi, le blog “cuisine zéro déchet” décrit-il l’aventure d’une bande de voisins qui se sont lancés le défi du zéro déchet. Ils ont chacun leur vision de la chose. C’est écrit sous forme plutôt littéraire et nous pouvons tous nous reconnaître dans l’un des 8 personnages.
La première box zéro-déchet
Enfin, la première box zéro-déchet créée par la blogueuse “Tiff in Lyon” est appelée “Zorro déchet” (on ne s’en lasse pas). Toujours dans cette logique positive et aventurière, le zéro-déchet est une découverte. Découvrez la box ici.
Petit à petit, le zéro-déchet se démocratise
Jusqu’ici, le zéro-déchet était réservé à quelques aventuriers de la consommation. Pourquoi ? Parce que vivre sans déchet demande beaucoup d’organisation et de logistique. Mais demain, nous pourrons tous nous y mettre sans avoir à transformer complètement notre quotidien, et ce grâce à tous les porteurs de projets qui se lancent.
Magasins, épiceries, marchés….
Eté 2014 : Jules Rivet et Guillaume de Sanderval ouvrent à Bordeaux la première épicerie en vrac. C’est un succès immédiat. D’ailleurs, ils donnent des idées à de nombreux entrepreneurs et on compte aujourd’hui plus de 50 épiceries et plus de 150 porteurs de projet (source : zero waste france).
Et des projets, il y en a. A Paris, le projet NU! arrive bientôt. C’est une halle atypique sans aucun emballage jetable et des récipients consignés. Le projet est en cours de lancement et confirme l’emballement général pour le phénomène (mais quel super jeu de mots).
Dans le sud du pays, de jeunes entrepreneuses se sont lancées dans la création d’épiceries vrac “ambulantes”. A bord d’un camion aménagé, Léa et Océane s’installent sur la côte basque et sud Landes pour proposer leurs produits en vrac sur les marchés.
L’emballage : au cœur du zéro-déchet
Enfin, les créateurs d’emballages réutilisables se multiplient pour répondre à la demande grandissante des consommateurs. Que ce soit alterosac, Kufu où encore Mamie colette, l’emballage devient à la fois pratique, écolo et plutôt canon.
Et si on s’y mettait tous ?
Lorsque l’on sait que 99% des ressources prélevées dans la nature sont reléguées au rang de déchet en moins de 42 jours (source : Famille Presque Zéro Déchet, de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret.), c’est une bonne nouvelle.
Le zéro-déchet, s’il n’est pas toujours vécu comme un engagement écolo, fait du bien à notre chère planète aussi. On a tous conscience de notre impact sur l’environnement. En guise de conclusion, voici une citation du livre “Famille Presque Zéro Déchet, de Jérémie Pichon et Bénédicte Moret.” qui résume bien la philosophie zéro-déchet.
« Avoir une démarche ‘zéro déchet’, c’est supprimer le plus d’emballages possibles de notre consommation afin de réduire la dépense d’énergie en amont (pour créer l’emballage) et en aval (pour le détruire ou le recycler). C’est faire attention au monde qui nous entoure et répondre aux signaux d’alarmes lancés par les observateurs de l’environnement. C’est être conscient que vivre sans produire de déchet est une douce illusion mais que pour autant, rien ne nous empêche de réduire le gaspillage à son minimum. Entrer dans le monde du ‘zéro déchet’, c’est privilégier la vente en vrac, les circuits courts, les bouchers et fromagers de quartier. C’est souvent acheter bio et local, mais aussi bio ou local. C’est faire des choix et comprendre qu’on ne peut pas mener toutes les batailles. C’est parfois se prendre pour un aventurier de la consommation, un précurseur sauveur de l’humanité alors que ce n’est que faire nôtre les habitudes de nos aïeux. C’est se dire que chaque geste compte, et qu’il n’y a rien de pire que la résignation ! »
Bonjour
Article très intéressant ! Je l’utilise d’ailleurs pour mon mémoire et j’ai besoin de connaitre l’année d’écriture de cet article svp pour le citer dans mes sources.
Merci par avance
Cordialement
Amsa
Bonjour,
L’article à été publié le 23 mars 2017, comme indiqué sur le site.
Ravie de faire partie de vos sources 🙂
A bientôt
Carole
Bonjour, je dois réaliser un travail de recherche sur la même thématique. Serait-il possible d’avoir le lien de votre mémoire ? Ce serait très gentil de votre part. Merci d’avance